Also play on Twitter!

Ren's Reviews

Displaying all 4 Review

  • Written by Ren on 18.06.2009

    Il y a une ressemblance entre l’art de Woody Allen et celui de Sacha Guitry. Qui penserait qu’ils ne sont que des diseurs de bons mots se tromperait lourdement. Ces “bon mots” sont en fait la section rythmique de leurs musiques respectives. Dans les deux cas, les dialogues sont éblouissants parce qu’ils le sont sur le papier, mais surtout parce qu’ils sont le soutien d’un mouvement totalement cinématographique qui ne doit rien à la littérature ou à la tradition du mot d’esprit. Il n’est que de voir la première rencontre dans un bar élégant de Manhattan entre Val Waxman (“l’homme de cire”) et son ex-femme, une séquence qui vaudrait à elle seule d’être longuement analysée dans les écoles de cinéma. Chaque mouvement de caméra, chaque parti pris gestuel des acteurs, chaque rupture de rythme dans le déroulé de la séquence est un défi au cliché et à la convention (car quoi de plus conventionnel qu’un dialogue à une table de café?).Bien sûr le dialogue est un feu d’artifice, mais si on regardait la séquence en coupant le son, on verrait à quel point Woody Allen, comme cela a été démontré pour Charlie Chaplin, n’est pas seulement un grand clown mais un véritable cinéaste, à l’égal des plus grands. Même s’il déclarait le jour de l’ouverture d'un Festival de Cannes qu’il considérait que chacun de ses films “était pire que le dernier”. Ce n’est pas de la fausse modestie (il est sans doute au-dessus de ça), c’est l’insatisfaction permanent du grand artiste au travail.

  • Written by Ren on 19.06.2009

    SPIDER
    Voilà un film-cauchemar. Ni effet spécial, ni scène d’horreur, seulement l’angoisse lourde de la paranoïa, de la difficulté du fou à connaître la vérité. On ne peut rien raconter ou presque, car l’effet de surprise fait partie du déroulement du film. On se contentera de dire que ce personnage interprété par Ralph Fiennes doute de tout et d’abord de lui-même et fait douter le spectateur jusqu’au bout de l’histoire, et après. Le titre même du film n’est expliqué que tard dans le récit. En sortant de la salle, on peut se demander si cette araignée est citée pour exalter son habileté de tisseuse ou, ironiquement, pour rendre dérisoires les efforts du héros pour tisser sa propre toile.

  • Written by Ren on 20.06.2009

    Michael Mann, dans Collateral, tient le spectateur en haleine avec une histoire qui au fond n’a aucun intérêt. Un chauffeur de taxi conduit un tueur à gages une nuit entière à Los Angeles: ce qui pourrait ressembler à une pensée tiendrait sur un ticket du métro où s’achève le film. Or, c’est sans importance, car l’habileté du scénario, la construction du suspense et l’inventivité visuelle, plastique de Mann emportent le morceau. Le regard sur la ville, vue d’hélicoptère ou du taxi, sur les objets, les gestes observés de tout près, les audaces rythmiques compensent l’absence de profondeur du propos. Tout est en surface et le plaisir est sans mélange.

  • Written by Ren on 20.06.2009

    DOLLS
    Voici le dixième film de Takeshi Kitano, cinéaste dont on doit toujours garder à l’esprit qu’il est le comique de télévision le plus célèbre du Japon. Ce qui surprendra ceux qui le prennent pour un cinéaste de la violence yakuza, ou au contraire comme un esthète languissant. Ce sont là deux clichés qu’il faut balayer. L’humour de Kitano est toujours présent même dans ses œuvres les plus désespérées, dont ce nouveau film fait partie. Humour, regard distant, questionnement incessant, même quant aux sentiments les plus déchirants, même quant aux partis pris esthétiques les plus exigeants. Dolls commence dans un théâtre bunraku, l’une des trois formes théâtrales japonaises avec le No et le Kabuki. De grandes marionnettes sont manipulées chacune par trois hommes dont deux sont masqués. Le récitant chante et donne sa voix à toutes les marionnettes présentes. On passe ensuite au récit lui-même, miroir du premier spectacle de bunraku: les acteurs apparaissent et on comprend que Kitano les met à la même hauteur que les poupées qui donnent son nom au film.
    La recherche constante de la beauté formelle, le travail sur les couleurs, les costumes sublimes de Yohji Yamamoto, la tristesse et l’humour, la place du théâtre et la mise à distance du récit font souvent penser à une parenté de Kitano et de Pedro Almodòvar. La fascination pour le kitsch, la manipulation des formes déjà établies en art et des clichés modernes ou anciens, et de l’imagerie de leur propre pays renforcent cette impression de parenté. Pas mal, comme famille…

Reviews written by